Les plantes fabriquent des substances pour se protéger du soleil ou des prédateur, pour communiquer, pour se reproduire etc. Il y a, parmi ces substances, des grandes familles chimiques que nous utilisons pour pouvoir trier les toxiques ou les remèdes. Les plantes contiennent généralement une multitude de substances actives ce qui leur confèrent une activité principale et des activités secondaires. Par ailleurs, du fait de la multitude de principes actifs, il est parfois difficile d’imputer l’effet de telle ou telle molécule présente à l’activité qu’on observe lors de la consommation de celle-ci. Les phytothérapeutes orientent ainsi leur choix de plante en fonction de l’activité principale qu’ils recherchent puis des activités secondaires qui vont dans le sens de ce qui a été observé chez le patient.

Certains opposent phyto-thérapie (thérapie par les plantes), gemmo-thérapie (thérapie par les bourgeons) et arma-thérapie (thérapie par les huiles essentielles). L’aromathérapie et la gemmothérapie sont en fait des disciplines de la phytothérapie.

Une chose importante à dire à propos de la phytothérapie en général mais encore plus à propos de l’aromathérapie est que la plante fabrique ses « défenses » et « remèdes » en fonction du milieu dans lequel elle grandit. On aura ainsi une toute autre composition chimique et donc une toute autre indication pour une romarin provenant de Corse, un romarin provenant de Provence ou encore un romarin provenant du Maroc. Pour être sûr, il faut dans un premier temps s’assurer que le fabricant fait analyser ses produits puis demander le bulletin d’analyse afin de s’assurer que les principales molécules recherchées sont bien présentent en quantité suffisantes et qu’il n’y a pas de molécules toxiques pour le patient que l’on cherche à traiter.

Il y a globalement 3 groupes majeurs de principes actifs dans les plantes :

  • Les alcaloïdes
  • Les terpènes ou terpénoïdes
  • Les composés phénoliques ou polyphénols.

Il existe d’autres classements transversaux en fonction de propriétés dans la plante, physico-chimiques particulières ou d’action thérapeutiques recherchées. Dans la suite de cette page, nous tenterons d’être le plus clair possible et renverrons au besoin à l’un ou l’autre groupe.

Les hétérosides ou glycosides

Il s’agit de molécules composées d’une partie « sucre » (composée d’un ou de plusieurs sucres) et d’une partie non glucidique qui peut être un phénol, alcool, amine, stéroïde… appelée l’aglycone ou génine.

C’est généralement l’aglycone qui confère sa propriété à la l’hétéroside. Certains sont toxiques, d’autres ont des effets recherchés en pharmacologie. Le plus connu est probablement la digoxine de la digitale.

On notera la subdivision suivante :

  • Les hétérosides cardiotoniques
  • Les hétérosides cyanogénétiques
  • Les hétérosides anthracéniques
  • Les hétérosides phénoliques
  • Les saponosides
  • Les glucosinolates

Les alcaloïdes

Ce sont des molécules très actives et probablement les plus actives que l’on trouvera en phytothérapie. Elles contiennent au moins un atome d’azote ce qui explique la fin de leur nom en « ine ». Le début de leur nom est souvent tiré de la plante phare dans laquelle ils ont été découverts. On aura ainsi dans cette famille chimique, la cocaïne, la théine etc.

On en trouve dans le pavot, le mandarinier, le desmodium, la noix vomique, la belladonne, l’aspérule odorante, le thé, le café etc.

Fun fact : la tetrodotoxine du célèbre poisson ballon est également un alcaloïde.

Les dérivés terpéniques ou terpénoïdes

Ils sont également appelés isoprénoïdes.

Ce sont des molécules polymères de l’isoprène (à 5 atomes de carbones), ceci veut dire que plusieurs isoprènes ont été attachés ensemble comme des perles sur un collier. Elles sont ensuite réorganisées pour former une multitude de molécules différentes, la plupart ont une structure cyclique ou polycyclique. L’unité « monoterpène » (la base de comptage) correspond à une molécule à 10 carbones elle est composée de 2 isoprènes. Du fait de leur caractère aromatique ils sont très largement utilisés en tant que remèdes naturels.

Les terpénoïdes sont formés par l’ajout d’un groupe fonctionnel supplémentaire sur le squelette carboné du terpène (alcool, alhédyde, cétone etc.). on aura ainsi des terpénols, terpénals, terpénones etc.

Cette grande famille est donc composée de molécules très volatiles (qui seront traitées dans le paragraphe sur les huiles essentielles) jusqu’à de très grosses molécules comme le caoutchouc. Cette voie de synthèse très importante dans les végétaux, conduit également à la production de composés tels que les chlorophyles ou les bêta-carotènes.

Leur localisation dans le végétal est variable et leurs rôles dans le végétal sont multiples. On pourra citer par exemple l’attraction des pollinisateurs ou la répulsion des prédateurs.

Les composés phénoliques ou polyphénols

Il s’agit de la troisième grande famille chimiques en phyto-aromathérapie. Il s’agit de molécules bâties à partir d’au moins deux groupes phénoliques formant des composés plus ou moins complexes. Ce sont généralement de très grosses molécules.

Leur intérêt phyto-thérapeutique pour la santé des humains et des animaux va croissant et leur propriétés sont de plus en plus étudiées notamment lors de cancer, maladies cardiovasculaires, maladies inflammatoires ou encore maladies neurodégénératives.

Le plus grand groupe dans ces polyphénols est le groupe des flavonoïdes au sens large, molécules colorées qui représentent à elles seules la moitié des polyphénols.

Les polysaccharides

Les mucilages

Les mucilages sont des substances d’origine végétale qui deviennent visqueuses et forment comme un gel au contact de l’eau. Ils sont capables d’absorber une grande quantité d’eau.

Ils ont des propriétés émolientes, anti-inflammatoires et décongestionnante des muqueuses et sont utilisés de ce fait dans les cas de maux de gorge, toux, bronchite. Il sont également utilisés en cas de constipation comme laxatif de lest. Ils sont généralement doux et sans danger.

On trouve des mucilages dans les graines de lin (mucilage utilisé autrefois comme lubrifiant gynécologique chez les grands animaux : macération 20 minutes d’une cuiller à soupe de graines par litre d’eau), les fleurs de mauves et de guimauves, le plantain, la réglisse, les graines de chia, le psyllium, l’orme rouge (utilisation rapportée de cette plante en cas de gingivo-stomatite féline en Amérique du Nord).

Les huiles essentielles

Il s’agit de la partie « soluble dans l’huile » des principes actifs contenus et fabriqués par les plantes. Elles peuvent être présentent dans un remède phytothérapeutique ou extraites pour obtenir uniquement cette fraction. Il s’agit plutôt d’une essence que d’une huile et le terme Allemand « etherische Öl » est probablement plus parlant puisque les huiles essentielles s’évaporent rapidement et ne laissent pas de tache grasse. Dans une infusion, il est parfois difficile de recueillir ces fameuses huiles essentielles d’où l’intérêt de bien couvrir lors de sa préparation.

Pour les raisons cités en introduction, attention à bien choisir une huile essentielle dite chémotypée (dont on a analysé le profil chimique) afin de pouvoir choisir le type thérapeutique et le profil d’innocuité (qui ne sera pas toxique pour l’utilisateur et son entourage) correspondant à ce que l’on recherche.

Parmi les huiles essentielles, il est plus facile de faire un lien entre la structure chimique et l’activité. Les principales familles chimiques des huiles essentielles sont :

  • Les monoterpènes globalement antiseptiques atmosphériques avec le citrus et les résineux.
  • Les sesquiterpènes globalement anti-inflammatoires avec la myrrhe, l’Ylang-Ylang ou le gingembre.
  • Les aldehydes globalement anti-inflammatoires avec l’eucalyptus citronné ou la citronnelle.
  • Les monoterpénols globalement anti-infectieux doux avec le célèbre arbre à thé ou le géranium.
  • Les phénols et aldéhydes aromatiques globalement anti-infectieux puissants avec la cannelle, la sariette ou l’origan. Les phénols sont à employer avec grande précaution.
  • Les esters globalement sédatifs doux comme la lavande vraie, le bois de hô, le thym à géraniol, l’hélichryse italienne ou le géranium.
  • Les ethers globalement sédatifs et myorelaxants forts comme le basilic exotique ou l’estragon.
  • Les oxydes globalement anti-viraux, bronchodilatateurs, expectorants et anti-tussifs comme le magnifique ravintsara ou encore les très célèbres eucalyptus radié et globulus.
  • Les cétones globalement active sur le système nerveux comme la menthe poivrée, le romarin à camphre ou l’hélichryse italienne. Les cétones sont à employer avec grande précaution

Les huiles végétales

Ce sont les graisses (par opposition aux huiles essentielles) contenues dans les végétaux et souvent dans leurs graines. Elles sont utilisées en support aux huiles essentielles ou pour leurs propriétés propres (anti-inflammatoires, émolientes, laxatives etc.). Elles peuvent être sous forme liquides ou plus ou moins solides à température ambiante. Les huiles cosmétiques sont généralement classées selon leur pouvoir « comédogène » càd leur capacité à provoquer des comédons (points noirs), point qui nous intéresse peu en médecine vétérinaire. Un autre classement bien plus utile pour nous et utilisé dès lors que nous les utilisons pour effectuer des massages ou comme simple support pour les huiles essentielles est le classement en fonction de leur pénétrance. Ainsi, certains corps gras ne restent que sur la couche la plus superficielle de la peau, la couche cornée, elles seront utilisées pour des atteintes très superficielles ou comme support insectifuge par exemple. D’autres pénètrent jusque dans le derme, le muscle voire dans la circulation sanguine, on choisira donc l’huile support en fonction de l’organe que nous souhaiterons atteindre.

Bibliographie

8, 9, 10, 11, 18, Créapharma, 22

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