Appelé également Coryza du cochon d’Inde, les infections respiratoires du cochon d’Inde sont fréquentes et loin d’être « juste un petit rhume » !

Qu’est-ce qui les rend si sensibles ?

Ils ont des petites narines et des voies respiratoires étroites. Ils sont également naturellement porteurs de germes tels que Bordetella bronchiseptica qui peuvent causer des maladies dès que l’animal est affaibli, stressé ou carencé.

Les poumons sont petits et les muscles des bronches très costauds. Dès qu’il y a une irritation au niveau des bronches, les muscles se contractent et provoquent une gêne respiratoire identique à une crise d’asthme.

Quels sont les facteurs de stress qui peuvent le rendre plus sensible aux infections ?

On pourra citer notamment :

  • Un changement brutal de température, froid excessif ou courants d’air.
  • Un défaut de ventilation, trop chaud (plus de 25°C).
  • Un transport ou l’introduction de nouveaux individus mais également la surpopulation.
  • Une litière trop peu absorbante ou trop peu renouvelée à l’origine d’émanations d’ammoniac fortement toxique pour l’arbre respiratoire.
  • Mais également une autre maladie (dont l’obésité) ou une douleur chronique.

Quelles sont les carences les plus souvent observées ?

  • Ce sont les carences en vitamine C principalement. En effet, les cochons d’Inde, à l’instar de l’humain et de certains oiseaux frugivores par exemple, ont besoin d’un apport de vitamine C à travers la nourriture. Ils ont besoin de 20mg par kg de poids d’animal et par jour quand ils sont en bonne santé, ces besoins sont doublés, voire triplés pour les jeunes en croissance, les femelles en gestation ou en lactation ainsi que les animaux malades. Par ailleurs, la vitamine C disparaît rapidement dans les aliments, il est donc nécessaire d’avoir de petits paquets de nourriture complète ou de la nourriture fraîche riche en vitamine C telle que du persil, des poivrons rouges ou jaunes, du kiwi, du cassis, du cresson ou encore des comprimés de supplémentation dont on suivra scrupuleusement les durées de conservation du flacon ouvert indiquées par le fabriquant. Pour cette même raison, on ne distribuera pas la vitamine C en complément via l’eau de boisson des biberon, il faut la donner directement dans la bouche de l’animal.
  • ainsi que les carences en vitamine A (moins faciles à mettre en évidence), les besoins sont de 7 à 10mg par kg d’aliment.

Il est important de souligner qu’un excès d’apport en vitamine A peut être à l’origine de dégénérescence des cartilages des os longs et de calcifications dans les organes notamment responsables d’insuffisance rénale. Théoriquement, des apports trop important en vitamine C pourrait causer des cristaux urinaires.

Quels sont les germes les plus fréquemment en cause ?

  • On citera des bactéries telles que Bordetella bronchiseptica, Streptococcus pneumoniae, chlamydiophila caviae ou Pasteurella multocida. Elles sont une bonne dizaine à pouvoir être responsables de troubles respiratoires chez les cochons d’Inde.
  • Mais également des virus comme l’Adenovirus ou le virus de Sendaï (ce dernier serait probablement peu impliqué s’il est seul mais aggraverait une infection bactérienne).

Comment adapter le traitement au mieux ?

Un examen clinique par un vétérinaire est nécessaire. Il pourra alors observer les différents symptômes (fièvre, dyspnée simple ou associée à une discordance, bruits à l’auscultation etc.).

Des radios sont parfois réalisées afin d’objectiver la présence d’une pneumonie et de pouvoir suivre la guérison.

Enfin, il est possible de réaliser des cultures bactériennes à partir de sécrétions et de PCR à partir de frottis (comme lors de l’épisode de COVID19 chez l’homme mais au niveau de la face interne des paupières). Si les résultats montrent un ou plusieurs germes en particulier, il sera alors possible de mieux cibler les traitements. En cas de présence de bactéries, le laboratoire testera divers antibiotiques pour savoir lequel ou lesquels sont actifs contre le ou les germes en question. Cet examen est cependant onéreux.

Quels sont les différents axes de traitement ?

Dans tous les cas, ces atteintes respiratoires du cochon d’Inde ne sont pas à prendre à la légère. Elles sont généralement contagieuses, peuvent être invalidantes, réduire l’espérance de vie voire entraîner la mort malgré la mise en place d’un traitement.

Conserver ou rétablir un milieu de vie optimal :

  • un animal malade sera gardé entre 20 et 22 degrés (et impérativement en dessous de 25°C),
  • la pièce doit être correctement ventilée et sans courants d’air (éviter la place devant la fenêtre ou la porte d’entrée),
  • recouvrir la cage lorsque vous ouvrez les fenêtres,
  • isoler les malades dès les premiers symptômes pour éviter qu’ils ne transmettent leur maladie aux autres qui ne l’auraient pas encore,
  • ne pas oublier de désinfecter et bien rincer tous les accessoires avant de remettre les animaux sains dans l’environnement,
  • garder des règles d’hygiènes strictes concernant les litières.

Traitement médical :

  • des antibiotiques sont souvent nécessaires sur des longues durées avec des contrôles vétérinaires réguliers,
  • des médicaments visant à réduire ou fluidifier les sécrétions ou visant à limiter le spasme des muscles bronchiques sont parfois prescrits,
  • l’utilisation de phytothérapie (utilisation de plantes médicinales) peut être une très utile soit par voie orale, soit par voie locale en nébulisation ou aérosol,
  • Enfin, des traitements locaux comme le nettoyage des narines sont très utiles.

Peut-on observer des troubles respiratoires non infectieux ?

Oui attention, tout trouble respiratoire n’est pas forcément dû à une infection de l’arbre respiratoire, on peut observer une gêne à la respiration lors de

  • troubles lors de la gestation
  • coup de chaleur
  • allergie respiratoire ou toxique volatile (dans ce dernier cas, l’animal peut mourir d’asphyxié en 2-3 minutes !
  • eau dans les poumons suite à un mauvais gavage, une maladie cardiaque ou une maladie rénale par exemple
  • une traumatisme au niveau du thorax et notamment une morsure ou des fractures des côtes
  • des tumeurs pulmonaires primitives ou des métastases
  • des nodules inflammatoires etc.

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