Texte aimablement fourni par notre confrère et ami Dr Fabrice Capber vétérinaire, naturaliste, guide des pôles et auteur.

Présentation

Le grand hamster (aussi appelé marmotte de Strasbourg) est un rongeur comme les rats et les souris. Son pelage est tricolore : dos roux, ventre noir et taches blanches sur le museau, les joues, les épaules et sur le bout des pattes. Les mâles peuvent dépasser les 500 g !

Le grand hamster est un animal crépusculaire à nocturne qui passe 95 % de sa vie sous terre. Les adultes sont solitaires, sauf pendant la période de reproduction. À la fin de l’été, les animaux se préparent à hiberner en accumulant des réserves dans leur terrier.

Originaire des steppes fertiles d’Europe centrale, le grand hamster s’est adapté au milieu agricole. Il est omnivore, les petits animaux (insectes, vers de terre, etc.) et les plantes sauvages font aussi bien partie de son régime alimentaire que les plantes cultivées. 

Habitat

L’aire de répartition du grand hamster s’étend sur une grande partie de l’Eurasie, sa limite occidentale se situant en Belgique, aux Pays-Bas et en France. La limite septentrionale de cette aire se situe en Russie.

Le grand hamster vient d’être classé « en danger critique d’extinction » sur la Liste rouge mondiale de l’UICN. En France, l’Alsace constitue l’unique région de présence du grand hamster. En 1992, il est passé du statut de « nuisible » à celui « d’espèce protégée ». Le grand hamster était déjà inscrit à l’annexe II de la Convention de Berne de 1979 avant de figurer à l’annexe IV de la directive européenne « Habitats-Faune-Flore » de 1992.

Son aire de répartition actuelle très relictuelle est désormais fragmentée en trois zones isolées les unes des autres : l’une située au nord de Strasbourg, l’autre au sud-ouest de Strasbourg, et la dernière se trouve à la limite entre les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin.

Observation du déclin depuis 1950

La raréfaction du grand hamster est le résultat de dangers affectant les individus directement (destructions d’origine humaine, prédation naturelle) ou indirectement via la destruction ou la détérioration de leur habitat.

Les changements majeurs qu’a connu l’agriculture depuis les années 1950 ont impacté l’habitat traditionnel de l’espèce.

Les monocultures de maïs et de blé causent respectivement des carences en vitamine B3 et en protéines délétères pour la reproduction de l’espèce et n’offrent pas de couvert végétal permanent protecteur contre les prédateurs (renards, buses, etc.).

De plus, les infrastructures routière et ferroviaire qui morcèlent l’habitat, constituent des obstacles à la dispersion des individus et sont la cause de mortalités directes. 

Mesures de sauvegarde mises en oeuvre

La contraction de l’aire de répartition ces 20 dernières années indiquait un fort risque d’extinction du grand hamster à court terme.

Plusieurs Plans Nationaux d’Actions (PNA) ont été mis en place à partir des années 2000 afin d’enrayer le déclin de l’espèce. Les PNA grand hamster ont pour principal objectif le maintien et la reconquête des dernières populations. Des programmes expérimentaux destinés à adapter les techniques agricoles actuelles à la biologie du rongeur ont été lancés. Les PNA prévoient également une régulation de l’urbanisme dans les zones de présence de l’espèce. Enfin, une stratégie pluriannuelle de renforcement des populations sauvages par le lâcher de hamsters d’élevage.

Tous ces efforts de conservation ont permis de stabiliser les populations, mais pas de les faire revenir à un minimum viable. Le nouveau PNA 2019-2028 a toujours pour objectif le maintien du grand hamster mais aussi la sauvegarde de la biodiversité de la plaine d’Alsace indispensable à la reconquête du territoire de cette espèce « parapluie » et par là même du cortège d’espèces partageant son habitat.

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